Conservatoire du 16e Francis Poulenc
11, rue Jean de la Fontaine
75016 PARIS
Sur réservation
Le 21/03/2025
de 20h30
Tél : 01 55 74 70 40
Courriel :
DAC-arpegeconservatoire16eme@paris.fr
2025 est le cinquantenaire de la disparition du compositeur Dimitri Chostakovitch. L’occasion pour le Quatuor Lontano et Marina Milinkovitch de se remémorer et célébrer avec deux œuvres de musique de chambre ce compositeur russe qui aura marqué l’histoire du XXe siècle.
I. Largo
II. Allegro molto
III. Allegretto
IV. Largo
V. Largo
Contrairement aux symphonies, qui peuvent aisément être exploitées pour la propagande idéologique (comme ce fut le cas avec sa Symphonie n° 7), ou les commandes officielles, les quatuors à cordes représentent pour Chostakovitch une échappatoire, un lieu où l’intime peut s’exprimer sans filtre. Cependant, afin de faire bonne figure et justifier sa composition, il y appose la conventionnelle dédicace à la mémoire des victimes du fascisme et de la guerre. Mais c’est à lui seul que Chostakovitch dédie en réalité son quatuor : « Je me suis dit qu’après ma mort, personne sans doute ne composerait d’œuvre à ma mémoire. J’ai donc résolu d’en composer une moi-même ».
C’est une œuvre profondément autobiographique, presque testamentaire tant elle recèle de fragments de la vie du compositeur, depuis l’omniprésent motif DSCH (Signature du nom compositeur Dimitri Shostakovich dans le système allemand de la notation de la musique, soit Ré-Mib-Do-Si) jusqu’aux multiples citations de ses propres œuvres. Le quatuor est en cinq mouvements enchaînés, unis par l’omniprésent motif DSCH qui parcourt toute l’œuvre. Sur les cinq mouvements, trois sont des Largo (mouvements lents), ce qui en dit long sur le caractère sombre et grave du quatuor.
I. Prelude: Lento - Poco più mosso – Lento
II. Fugue: Adagio
II. Scherzo: Allegretto
IV. Intermezzo: Lento
V. Finale: Allegretto
Chostakovitch est considéré comme l'un des plus importants compositeurs du XXe siècle. Travaillant dans tous les genres musicaux traditionnels, il a été particulièrement prodigue avec ses cycles monumentaux de 15 symphonies et de 15 quatuors à cordes. Ce sentiment d'une voix moderne au sein d'une lignée traditionnelle ininterrompue n'est nulle part plus évident que dans son quintette avec piano de 1940.
Impressionné par son premier quatuor à cordes, le Quatuor Beethoven a demandé à Chostakovitch d'écrire un quintette avec Chostakovitch lui-même au piano. Le résultat fut un immense succès qui valut à Chostakovitch le prix Staline et une récompense de 100 000 roubles, souvent citée comme la somme la plus importante jamais obtenue pour une œuvre de musique de chambre. Le quintette de Chostakovitch est l'une des œuvres les plus populaires de son catalogue de musique de chambre. Il a rapidement rejoint le panthéon des quintettes avec piano au milieu de ceux de Schumann, Brahms et Franck.
Les formes et les modes d'expression traditionnels sont omniprésents dans l'ensemble du quintette. Les deux premiers mouvements constituent un prélude et une fugue, tous les deux aux caractères massifs. Chostakovitch était un contrapuntiste habile dont l'œuvre est jalonnée de fugues magistrales. Directement inspiré par le Clavier Bien Tempéré de Bach, Chostakovitch a écrit sa propre série de 24 Préludes et Fugues pour piano, une fois de plus, une voix moderne avec pour référence la tradition.
Le troisième mouvement est un fantastique scherzo et trio, point culminant de l'œuvre. Contrastant de manière saisissante avec l'équilibre et la grandeur du prélude et de la fugue, le scherzo danse avec un abandon rustique et sauvage, lorgnant vers la parodie colorée et le sarcasme sombre si typiques de Chostakovitch. Le deuxième mouvement lent, un intermezzo pesant placé entre le scherzo et le finale, est moins traditionnel. On y découvre un autre visage de Chostakovitch, si présent dans toute son œuvre : une tristesse intime qui s'élève jusqu'au paroxysme de l'angoisse, un sens pesant du destin qui sous-tend un chant poignant. Mais ce n'est qu'un aperçu, un intermezzo qui s'estompe rapidement pour laisser place au ton détendu d'une conclusion apaisée et enjouée. Le mouvement final présente une forme sonate classique clairement articulée, avec des thèmes distincts et une section de développement.
Tout au long du quintette, Chostakovitch maintient une remarquable clarté de texture, évitant le caractère dense ou quasi-orchestral vers lequel tendent les quintettes avec piano.
Quatuor Lontano
Pauline Klaus et Olivier Robin, violons
Loïc Abdelfettah, alto
Camille Renault, violoncelle
Après deux disques consacrés par la critique ("Sommer/Janacek/Dvorak" et "La Montagne Magique"), le Quatuor Lontano continue de déployer une activité intensément engagée dans la défense du répertoire et l’exploration de la création contemporaine.
Ardent acteur de la scène nouvelle, le quatuor défend activement la création d'aujourd'hui qu'elle soit musicale (contemporaine, jazz...), transdisciplinaire (arts visuels, théâtre musical...) ou par son implication pour la création contemporaine récente (appel à compositions, commandes...).
Son dynamisme et son exigence en font un partenaire demandé : Michel Portal, Vassilena Sérafimova, Vincent Lê Quang, Juanjo Mosalini, Tanguy de Williencourt, François Salque…
Le Quatuor Lontano est soutenu par l'ADAMI, la Fondation Igor Stravinsky, la Fondation Pierre Gianadda et la Villa des Compositeurs (Turin, Italie).
Nos chaleureux remerciements à Marc-Olivier de Nattes qui remplace exceptionnellement Olivier Robin au sein du Quatuor Lontano.
Marc-Olivier de Nattes, violon
Membre de l'Orchestre National de France depuis 1992, professeur titulaire de la classe de violon et d'orchestre au conservatoire municipal Francis Poulenc du 16ème arrondissement, musicien responsable de la programmation éducative et culturelle de l’Orchestre National de France.
Très impliqué dans de nombreux projets destinés au public amateur et professionnel, Marc-Olivier de NATTES travaille avec de nombreuses institutions culturelles : Radio France, la Ville de Paris, la Cité de la musique, le Théâtre des Champs-Elysées, le Théâtre du Châtelet, l’Association Française des Orchestres, le Festival de Saint Denis et Tréteaux de France.
Après de nombreux concerts dans les lieux culturels de l’arrondissement, dans les institutions parisiennes et européennes, il choisit pour les élèves de 3ème cycle et cycle spécialisé, en cette année olympique, d’explorer un nouveau territoire ; avec l’œuvre « Ricochet » d’Andy AKIHO, les élèves découvriront une écriture musicale contemporaine unique mêlant musique et sport.
Marina Milinkovitch, piano
Marina Milinkovitch débute le piano à l’âge de six ans et donne à douze ans son premier concert. Sa rencontre avec le pianiste russe Igor Lazko en 1993 aura une influence décisive sur son avenir musical. Il restera son professeur tout au long de son apprentissage.
Lauréate de concours nationaux et internationaux - Steinway & Sons, Saint-Nom-la-Bretèche, Sucy-en-Brie, Nikolaï Rubinstein, Vulaines-sur-Seine et Arcachon - Marina Milinkovitch participe à de nombreuses Master Class avec des professeurs tels que Lev Natochenny, Peter Eicher et Pascal Devoyon.
Elle est invitée à se produire aussi bien en France qu’en Allemagne, Suisse, Slovénie, Russie et Ukraine, lors de différents festivals à la Philharmonie de Saint-Pétersbourg, au festival des Jeunes Interprètes à Odessa et Piano Romantique à Fontainebleau.
Après une licence de musicologie à la Sorbonne, elle entre au Conservatoire de Genève où elle se perfectionne auprès de Sébastien Risler et obtient en 2009 les Masters d’Interprétation et de Pédagogie.
Professeur au CRD de Fresnes dès 2002 ainsi qu’au Conservatoire de Sèvres à partir de 2009, lauréate du concours PEA en 2013, Marina Milinkovitch est recrutée en 2019 par le Conservatoire du 16ème arrondissement de Paris où elle devient également coordinatrice du département polyphonique.
La musique de chambre occupe une place importante dans son répertoire lui donnant l’occasion de jouer avec des partenaires tels que le violoncelliste Mark Drobinsky. Elle continue désormais de se produire avec la flûtiste Anastasie Lefebvre de Rieux, le violoncelliste Alexandre Lacour et la pianiste Camille Jauvion.
Passionnée par la pédagogie et soucieuse de transmettre sa passion pour la musique, elle collabore également avec le Pôle Sup’93 et le CNSMDP en tant que tutrice DE et CA. Elle est aussi régulièrement invitée à participer à des jurys de concours : Chatou, Challenge Aliénor à Bordeaux et concours international de piano de Cognac.
Enfin, depuis 2020, plusieurs productions de cinéma français ont fait appel à elle en tant que pianiste et coach.